Ce site est consacré à Isabelle Waldberg sculpteur original s'il en fût. En effet, rares sont les sculpteurs reconnus pour leur valeur, qui ont cultivé la discrétion et l'occultation comme elle l'a fait. Il n'y a jamais dans son travail de sculpteur de gratuité formelle. Son œuvre plaide pour une grande liberté, et pour la beauté distanciée. Isabelle Waldberg est une intellectuelle et sa sculpture l'est tout autant, cela n'est pas incompatible avec la grande sculpture, nous semble-t-il.
Son imagination artistique, elle l'a mise au pouvoir, dans le défrichement novateur des Constructions, si légères, puis dans un retour à la matière qui a pu choquer les spectateurs dépréciateurs. Ils s'y sont perdus en conjectures, parce que ses sculptures devenues bronze mais bien ancrées et tangibles dans l'espace restaient "irréalistes".
Paradoxalement, ses bronzes si petits soient-ils, sont tous monumentaux. Ils deviennent monument(s) alors qu'ils ont été pensés, conçus et fabriqués pour l'intimité. L'idée originelle, devenue plâtre puis bronze, occupe bel et bien l'espace illimité. C'est le résultat non tronqué, non trafiqué de sa contemplation, de sa réflexion et de son inventivité qu'elle nous donne à voir et à comprendre.
Isabelle Waldberg, parlait de ses sculptures comme de l'Autre absolu : "De toute façon, dès qu'on se trouve dans un espace ouvert, dans le monde en somme et dans la nature, la sculpture perd sa raison d'être. On tracera plutôt des routes, on bâtira des villes, des forts, on façonnera des montagnes, on enlèvera des parties de forêts, des collines, on fera des vues. (…) Tandis qu'une sculpture on la tient près de soi, on est en dialogue avec elle, elle deviendra l'autre".
Isabelle Waldberg maniait un humour de révolte, sans égocentrisme ni férocité trop attentive aux autres et au monde, qui lui permettait de se dévoiler sans se livrer. Cela reste la marque suprême de sa sculpture, si diverse, si savante, pour nous qui la regardons aujourd'hui.
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